lundi 26 janvier 2009

grève du 29 janvier: incompréhension et honte

Il y a des fois où on a envie de donner un bon coup de gueule. Un coup de gueule qu'on aurait pu avoir en étant encore en France il y a deux ans, car ce qui nous choquait à l'époque et nous a poussé à partir à l'étranger nous choque encore plus aujourd'hui en ayant vu ce qui se passe ailleurs, ce qui rend le retour des fois inquiétant et frustrant pour nous.

Les Etats-Unis sont dans une situation économique catastrophique, bien pire que la France. Certes, la crise vient de chez eux, ils en ont à payer les conséquences plus que n'importe quel autre pays. Des milliers d'emplois sont détruits chaque jour dans les plus grandes entreprises américaines: Microsoft, Pfizer, IBM...Tous les secteurs sont touchés, pas seulement la finance et l'automobile. Le taux de chômage devrait attendre 10% avant le milieu de l'année, plus élevé qu'en France. Ici, pas de sécurité de l'emploi, pas d'assurance chômage, rien. Il faut plus de temps aujourd'hui pour retrouver un travail et il faut continuer à mettre de côté, si on peut, pour l'éducation des enfants et payer cher son assurance santé si on ne veut pas tout perdre si on tombe malade.

Mais tout le monde se sert les coudes, essaie de s'en sortir, de rester optimiste, de trouver un travail coûte que coûte, dans n'importe quoi, l'important est de travailler, de gagner sa vie en travaillant. Il faut avancer, rebondir, malgré tout. On fait confiance au gouvernement pour cela, en sachant très bien que ça ne se réglera pas dans les mois qui viennent, qu'il faut du temps.

Pendant ce temps, en France: grève "générale " pour la défense du pouvoir d'achats et des salaires mais ce sont toujours les mêmes qui sont bien sûr dans la rue, pas ceux qui n'ont plus de travail ou qui travaillent pour essayer de garder leur poste. Les mêmes qui ont sécurité de l'emploi, sécurité de salaires, sécurité de retraite, sans compter les autres avantages qu'on ne connaît pas toujours. D'ici, cela parait indécent. D'ici, la France parait être un pays égoïste, vieillissant, sclérosé, qui n'avance pas, qui se meurt car les cerveaux, les chercheurs, les médecins, les ingénieurs partent à l'étranger, qui ne fait plus rêver, à part la pâtisserie, la gastronomie et la beauté de ses paysages. Un pays où les Français sont divisés car ceux qui sont les plus protégés sont ceux qui défendent le plus leur bout de gras, qui ne créent pas de richesses et qui n'ont aucun intérêt à ce que la France avance. Il suffit de lire les commentaires sur les articles de la grève dans les journaux français pour voir la division des Français. Il suffit aussi de lire les commentaires pour voir combien les Français admirent les Etats-Unis et leur gestion de la crise. Eh bie...

Vu d'ici, en tant qu'expatriés, on voit la France comme un pays où on devrait au contraire se mettre à travailler pour essayer de sortir de la situation dans laquelle on est aujourd'hui, ne pas se plaindre, mais non, on s'enfonce, on réclame, on exige, et on ne fait rien.

Pour nous, c'est finalement un grand dilemme. En aucun cas nous ne nous voyons vivre aux US, pour un tas de raisons. Nous sommes extrêmement attachés à la France, mais il y a des fois où nous nous sentons si freinés par la France, par la mentalité qui y règne, où nous avons l'impression de ne pas pouvoir évoluer, avancer, mais au contraire d'être tirés par le bas que nous doutons de notre capacité à y vivre correctement. Syndrome d'expat on présume...

1 commentaire:

Eléonore a dit…

Et non vous voyez ce n'est pas un syndrôme d'expat, c'est un syndrôme de jeune français voulant un pays plus dynamique...
Et moins ralenti par certains...